Il y a William, Project Officer, mon « bras droit », Soudanais réfugié au Kenya, qui travaillait déjà pour HI au camp de Kakuma au Kenya. Il a 2 femmes depuis qu’il a épousé la femme de son frère décédé. Je ne sais pas trop pourquoi, je trouve que cette coutume a quelque chose de romantique… ! Physiquement, c’est un sacré gaillard mais c’est aussi un grand gentil. Quand on parle un peu avec lui, un reconnait très vite un type brillant. J’espère qu’avec un peu de chance il arrivera où il veut parvenir dans la vie parce que si quelqu’un le mérite, c’est bien lui… William étudie les Relations Internationales par correspondance à Nairobi. Je me rends compte de la chance que j’ai eu, pouvoir faire des études, obtenir une éducation, avoir au moins les cartes en main pour avancer... Je ne sais pas si tout le monde se rend compte des avantages quotidiens et permanents que l’on a de vivre en France, en Australie, en Europe, aux Etats-Unis… Au-delà du confort matériel, au-delà des moyens de subsistance à profusion, si quelqu’un veut avancer et progresser, il en a le plus souvent les moyens. Ici, même avec toute la volonté du monde, la réussite et la recherche d’un peu de bonheur dépendent souvent d’un tel concours de circonstances que l’on n’est souvent pas toujours couronné de succès.
Il y a Deng, qui a mon âge, un grand type tout fin, Soudanais réfugié en Ethiopie. Premier emploi comme administrateur-comptable et déjà beaucoup de compétences. Deng est d’une gentillesse et d’une politesse incroyable. C’est un bonheur de travailler avec lui. C’est le genre de type qui, même malade avec la malaria, vient s’assurer que je m’en sors avec la compta (et bien sur je ne m’en sortais pas) et qui fini par rester toute la journée jusqu’à 18h pour m’aider.
Il y a Bhan, petite pile électrique de 25 ans, Logisticien sur le tas (il était avant un de nos gardes), qui a toujours le sourire, malicieux, toujours en mouvement, qui en veut comme rarement j’ai vu un mec en vouloir. Il faudrait plus de Bhan au Sud Soudan pour (re)construire ce pays. Bhan qui court acheter le matériel au marché, qui négocie les prix, qui supervise les travaux sur le compound… Sans aucun doute possible, c’est lui qui travaille le plus. Alors bien sur, il a besoin d’être pas mal accompagné, d’être encadré (la paperasse, même dans une ONG, c’est quelque chose…) mais bordel, j’en voudrais 10 comme lui… !!! Bhan est de l’ethnie Nuer, comme la plupart des membres de mon staff (nous avons aussi des Shillouks et des Dinkas). C’est quelque chose que j’ignorais avant de venir ici : les scarifications sont très répandues dans cette partie de l’Afrique. La plupart des hommes Nuers ont des cicatrices horizontales sur toute la largeur du front. Les Dinkas ont un espèce de V sur le front. Les Shillouks ont des points et des ronds sur tout le visage. Bhan a de très belles cicatrices !
Il y a les autres, Giel, Gatluak, Reech, Sarah, Mabior, Michael, Wilson, Andrew, James, Isaiah, Matthew, Martha (la cook/cleaner, une sacrée bonne femme comme on dit, grande comme la plupart des Sud Soudanaises, qui ne semble avoir besoin de personne pour se faire respecter au milieu de tous ces gaillards… !) Leur portrait viendra peut être.
Il y a Sylvain, Niçois d’origine, qui bosse pour l’ONG Solidarités et qui a chopé la Malaria deux fois en une semaine… Il a vraiment besoin d’un break Sylvain. Justement, il part à Zanzibar dans une semaine. Sinon, avant Malakal, il s’est un jour retrouvé avec une tête humaine fraichement coupée entre les mains. C’était en Indonésie et l’histoire complète vaut le déplacement jusqu’ici, croyez-moi !
Il y a Caoimihn (prononcer Kwevin), Irlandais déjanté, chef de l’ONG Goal, le trublion de Malakal, à l’accent encore plus incompréhensible après une ou deux bières, sans qui une soirée à Malakal n’a pas la même saveur… Avant, il bossait en Bolivie avec les enfants des rues. Caoimihn qui me disait l’autre soir que Malakal était le 2e endroit au monde le plus difficile pour les humanitaires après l’Irak… ! Bon, quand je lui ai demandé d’où il tenait ça, il n’a pas trop pu me répondre mais heureusement qu’il y a des mecs comme lui pour mettre un peu l’ambiance ! On attend une confrontation France-Irlande au Rugby avec impatience… ! Goal a la télé par satellite…
Et puis il y a moi… ! Un mois aujourd’hui que j’ai quitté Paris ! C’est fou, non !? La semaine prochaine, normalement, je vais à Juba pour faire le point avec Claire, ma Chef de Mission. Au début je ne pensais pas y aller mais on a pas mal de sujets à discuter. Et puis après tout, la moindre occasion de sortir de Malakal est bonne à prendre ! A Juba, je vais pouvoir m’acheter des Choco Pops, 13$ le paquet !!! Mais c’est un petit confort qui prend une proportion considérable ici, croyez-moi ! Et puis tiens, je vais aussi me taper une bonne pizza à 25$... Dans un mois j’irai à Bor pour une réunion de coordination avec tous les expats Handicap au Sud Soudan (6 au total) et dans un mois et demi j’espère aller au Rwanda. Ces dates dans le calendrier aident à tenir le coup.
Salut la compagnie !
2 commentaires:
wow! great text, read in ... Galway! We love Ireland, hope you can see it one day. In the meatime, so glad you have those wonderful people to help you. Proud of you.
tu pourras dire a ton ami irlandais que l'Irlande n'est plus ce qu'elle etait : il fait beau tous les jours avec un ciel sans nuage et 25 degres a l'ombre !!!! info sportive : Killarney a gagne la grande finale de hurling le WE dernier.... on a ajoute provisoirement 2000 km entre nous mais on pense a toi... bon courage
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